Très perturbants pour les parents, les mensonges d’enfants ou d’ados reviennent régulièrement lors de mes consultations. Tel enfant dit que l’enseignant ne donne pas de devoirs, tel autre raconte des histoires improbables qui ne lui sont jamais arrivées, ou encore qu’il n’a pas pris le chocolat dans le placard alors que la plaquette est sérieusement entamée, etc.
Ainsi, une maman me disait récemment : “ Ma fille de 12 ans ne fait pas ses devoirs. Elle ment. Quand je lui demande si elle les a fait, elle me dit que son professeur ne lui en a pas donné ou qu’elle les a fait à l’école. Que devrais-je faire ? Je suis sur le point de laisser tomber.”
LE RÉFLEXE DES PARENTS
Souvent les parents s’énervent face à de tels mensonges et demandent aux enfants d’arrêter de dire des choses fausses. Ils se sentent parfois désemparés et craignent que leur enfant ne devienne manipulateur à force de mensonges répétés.
Ainsi un papa me disait “mon fils m’a dit qu’il avait gagné à un jeu sur l’Ipad alors que j’ai vu par hasard que c’était écrit ‘Vous avez perdu” sur l’écran. Je me suis fâché car quel besoin a-t-il de me dire qu’il a gagné alors que ce n’est pas le cas ? Cela ne fait pas de sens. ”
MON CONSEIL
Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant pour en arriver à vous mentir ? Un enfant peut être amené à dire des mensonges pour différentes raisons qui sont souvent plus liées à ses émotions qu’à une volonté de faire mal ou de raconter n’importe quoi.
La technique de l’écoute empathique vous permettra d’aborder le sujet du mensonge avec plus de finesse et d’efficacité. En effet, votre enfant verra qu’au-delà du mensonge qui est dit, vous vous préoccupez de lui et de ce qu’il ressent (et qu’il n’arrive pas à exprimer lui-même du fait de son immaturité). Vous l’aiderez ainsi à y voir plus clair et à trouver d’autres solutions que le mensonge. Bien-sur, l’effet ne sera pas toujours immédiat, mais avec un peu de patience, cela vous aidera très certainement à aller dans la bonne direction.
Dans le cas des devoirs, la jeune fille essaie d’être tranquille le soir et de s’épargner de les faire. Sans doute que cela lui est pénible de s’y mettre, qu’elle préfère faire autre chose, qu’elle est démotivée et qu’elle a pris l’option de mentir sur le sujet. La mettre face à ses mensonges et se fâchant ne l’aidera pas beaucoup. Elle se sentira prise en défaut, jugée, et pourra se sentir agacée par les reproches qui lui sont fait (même s’ils sont justifiés du point de vue du parent).
Je vous conseille plutôt d’utiliser l’écoute empathique qui consiste à mettre des mots sur les émotions et le ressenti de l’enfant : ”Tu dois être très démotivée par tes devoirs pour me dire que tu n’en as pas alors que je sais que ton professeur t’en donne. On dirait qu’il t’est vraiment pénible de les faire pour en arriver à dire ça.”
Dans le cas du garçon qui prétend avoir gagné alors qu’il a perdu, vous pourriez lui dire “On dirait que tu es très déçu d’avoir perdu pour me dire que tu as gagné alors que ce n’est visiblement pas le cas. Peut-être voudrais-tu toujours gagner à ce jeu et tu trouves difficile d’accepter que parfois tu perds ?”
Mes deux conseils pour utiliser cette cette technique avec succès :
- ne pas se laisser dépasser par ses propres émotions. Le mensonge est pour certains parents quelque chose de très négatif et très inquiétant. Leur réaction naturelle et immédiate est alors souvent l’énervement
- identifier l’émotion de l’enfant. On est parfois démuni face aux réactions des enfants car nous parents ne réagissons pas de la même manière dans des situations similaires. Parlez-en avec votre conjoint(e) et quelqu’un de confiance, cela vous aidera à décrypter le comportement de votre enfant.
Comme de nombreux parents qui l'ont déjà fait, je vous invite à essayer cette technique et à en voir à votre tour les bénéfices !
Vous souhaitez en savoir plus ? Etre accompagné ?